Grands Motets, volume 2 – Crescendo Magazine

Seconde livraison de motets pour les États du Languedoc, avec l’Ensemble Antiphona

Compositeurs des États du Languedoc, Grands motets vol 2.
Bernard-Aymable Dupuy (1707-1789) : Exurge Domine.
Joseph Valette de Montigny (1665-1738) : Beatus Vir qui timet Dominum.
Jean Malet (c1710-c1788) : Domine in Vitute tua.

Coline Bouton, Éva Tamisier, dessus.
David Tricou, Charles d’Hubert, haute-contre.
Clément Lanfranchi, taille.
Timothé Bougon, basse-taille.
Matthieu Heim, basse.
Ensemble Antiphona, Rolandas Muleika.
Livret en français, anglais ; paroles en latin, traduction en français et anglais.
Août 2022. 65’43’’.
Paraty 2023362

 

Depuis bientôt trente ans, au disque et au concert, l’Ensemble Antiphona poursuit son exploration du répertoire sacré lié à la France du sud-ouest sous l’Ancien Régime.
Un album de 2017 illustrait L’Occitanie baroque des Pénitents Noirs.
Après un premier volume consacré en 2021 aux États du Languedoc (Salvum me fac Deus ; Surge propera Sion filia), le label Paraty en publie un second.
On y retrouve Joseph Valette de Montigny : son Beatus Vir complète l’enregistrement des trois grands motets qui lui survivent, et date de son emploi aux collégiales Saint-Seurin de Bordeaux et Saint-Sernin de Toulouse.
Parmi ces chanteurs sous la direction de Montigny, on compte Bernard-Aymable Dupuy.
Paratum cor ejus fut écrit pour sa jeune voix de haute-taille.
Ce Dupuy s’acquittera dix ans plus tard d’un Exurge Domine (1738) afin de concourir à un recrutement pour la cathédrale Saint-Étienne de la cité toulousaine, –un poste qu’il n’obtiendra pas.
Le manuscrit fait toutefois mention de sa qualité de maître de musique de Saint-Bertrand-de-Comminges.
Quant au Domine in Vitute tua, on l’attribue à Jean Malet, tôt associé à la chapelle de la cathédrale Saint-Pierre de Montpellier pendant près d’un demi-siècle, de 1733 à sa mort.
Ces trois œuvres illustrent le faste des cérémonies qu’elles célébraient, autant que les idiosyncrasies de leur terreau méridional.
Chacune contient des moments mémorables qui accrochent l’oreille.
La contagieuse célérité du Confondantur qui me persequuntur de Dupuy !
Les fougueuses invocations de la symphonie initiale du psaume XX dardées par Malet !
Dans le Beatus Vir, on soulignera la gouaille de Coline Bouton pour le Jucundus homo qui honore la magnanimité, on s’émoustillera du hautbois qui accompagne le récit de taille confié à Clément Lanfranchi.
Sous la direction stimulante et éclairée de Rolandas Muleika, chœurs, solistes, orchestre avivent l’intérêt, le plaisir de découvrir ces pages germées loin de la Chapelle royale de Versailles et du Concert spirituel de la capitale.
Elles méritaient l’exhumation, on salue l’initiative.